Résumé de mon intervention à une table ronde des 30e
rencontres de l’intendance, Rencontres annuelles de l’AJL, La Sorbonne, Paris,
mai 2009.
Dans l’enseignement que je donne à l’université de Poitiers
sur la « gestion des processus d’innovation dans les systèmes éducatifs »,
les étudiants parlent beaucoup d’innovation pédagogique et rarement
d’innovation suivant le concept clé et de base qu’a inventé Schumpeter.
Un établissement scolaire du système éducatif a pour
destination de produire des élèves de qualité qui peuvent s’insérer ensuite
dans une vie professionnelle et sociale, donc la vocation des EPLE en
particulier c’est de faire de l’enseignement pour produire des élèves de
qualité. Mais on ne fait pas d’enseignement s’il n’y a pas une structure
administrative, d’hébergement, de restauration, si les locaux ne sont pas
propres, etc.
La littérature scientifique ne parle pas des gestionnaires
mais nous allons y remédier[1].
Dans les articles publiés à partir de la théorie des parties prenantes,
c’est-à-dire une théorie du regard sur l’entreprise, nous avons montré comment
le « rendre compte » circule dans un EPLE ; on a essayé
d’appliquer cette théorie et on a réussi. Mais, on a peu parlé des intendants,
des gestionnaires ; on a beaucoup parlé des chefs d’établissement comme
s’ils étaient la partie prenante essentielle voire unique parce qu’englobant
dans la fonction du chef d’établissement celle du gestionnaire.
Pour suivre l’application de la loi de 2004, j’ai rencontré
une communauté d’esprits professionnels parce qu’il y a de la compétence
partagée entre les agents du Trésor et ceux de l’Éducation Nationale. Ce qui
définit l’importance de chacun dans une structure fonctionnelle, ce n’est pas
son métier, je crois d’ailleurs qu’avec l’introduction du socle commun des
connaissances et des compétences, il va falloir arrêter de parler de métiers
mais parler de compétences, parce que ce sont bien les compétences, que vous
avez et que vous manifestez tous les jours, qui font que vous êtes capables
d’occuper une fonction et c’est bien la fonction qui détermine ce dont la
structure a besoin. Je vous invite à réfléchir, non pas en termes de métiers
mais en termes de fonctions. Où s’exerce cette fonction ? Dans l’EPLE, mais
elle peut s’exercer aussi ailleurs.
Quand on réfléchit fonction, on en arrive à se poser la
question de la structure. Avant 1985, lorsque les EPLE ne s’appelaient pas EPLE
mais les collèges ; avant la loi Fouché, ils étaient essentiellement
communaux ou départementaux. Il n’y a pas si longtemps que l’État a
renationalisé une grande partie du système éducatif. La révolution, puisque
nous avons une vocation messianique à l’Éducation Nationale, qui nous fait dire
que nous portons toutes les valeurs de la République à nous seuls, la
révolution a créé les communes et les départements pour casser un régime
central trop centralisé qui était l’ancien régime.
La décentralisation, qui ne date pas de 1983, cela court
depuis très longtemps et l’on a eu des phases plus ou moins centralisées, la
décentralisation arrive, elle est inévitable et pour reprendre un mot de
quelqu’un qui travaillait au CNFPT et à qui l’on posait la question, répondait :
« La décentralisation n’aura sûrement pas d’acte trois mais on a mis les
microprocesseurs donc ça continuera ».
Comment dans ce processus de recomposition du rôle de
l’État, on définit l’EPLE ? L’EPLE n’est pas anodin sur un territoire et
c’est dans cette optique que nous nous sommes interrogés sur la fonction du
gestionnaire qui m’est apparue, quand j’ai parcouru l’hexagone avec les
personnels du CNFPT. L’ESEN[2]
n’a pas vocation à s’occuper des personnels d’encadrement autres que ceux
définis comme tels par les statuts, le métier, donc ce sont les CASU, les chefs
d’établissement, les inspecteurs ; un attaché n’est pas partie prenante
des séminaires organisés par l’ESEN. Donc, quand nous avons monté notre cycle
de séminaire « nouveau partenariat entre les EPLE et les collectivités
territoriales », un ensemble de gens était exclu des stages a priori,
parce que la question nous a été posée : où sont les gestionnaires dans
votre système de formation, et plus nous avancions plus la question se posait
et plus le nombre de gestionnaires était important dans nos séminaires mais à
la demande des collectivités territoriales.
Cela oblige désormais, dans nos travaux de recherche, à
positionner le gestionnaire dans la question de la place et du fonctionnement
du triangle État, collectivité territoriale et EPLE ?
[1] Vers un nouveau mode de gestion de l'éducation nationale
inspiré des enseignements des théories de l'agence et des parties prenantes
Rôle du conseil et de
l’évaluation dans le pilotage stratégique des EPLE (Établissements Publics
Locaux d’Enseignement)
[2]
École Supérieure de l’Éducation Nationale (aujourd’hui IH2EF) chargée de former
les personnels d’encadrement de l’Éducation Nationale.
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