jeudi 21 mai 2020

ET LE GESTIONNAIRE DANS TOUT ÇA ?



Résumé de mon intervention à une table ronde des 30e rencontres de l’intendance, Rencontres annuelles de l’AJL, La Sorbonne, Paris, mai 2009.



Dans l’enseignement que je donne à l’université de Poitiers sur la « gestion des processus d’innovation dans les systèmes éducatifs », les étudiants parlent beaucoup d’innovation pédagogique et rarement d’innovation suivant le concept clé et de base qu’a inventé Schumpeter.

Un établissement scolaire du système éducatif a pour destination de produire des élèves de qualité qui peuvent s’insérer ensuite dans une vie professionnelle et sociale, donc la vocation des EPLE en particulier c’est de faire de l’enseignement pour produire des élèves de qualité. Mais on ne fait pas d’enseignement s’il n’y a pas une structure administrative, d’hébergement, de restauration, si les locaux ne sont pas propres, etc.

La littérature scientifique ne parle pas des gestionnaires mais nous allons y remédier[1]. Dans les articles publiés à partir de la théorie des parties prenantes, c’est-à-dire une théorie du regard sur l’entreprise, nous avons montré comment le « rendre compte » circule dans un EPLE ; on a essayé d’appliquer cette théorie et on a réussi. Mais, on a peu parlé des intendants, des gestionnaires ; on a beaucoup parlé des chefs d’établissement comme s’ils étaient la partie prenante essentielle voire unique parce qu’englobant dans la fonction du chef d’établissement celle du gestionnaire.

Pour suivre l’application de la loi de 2004, j’ai rencontré une communauté d’esprits professionnels parce qu’il y a de la compétence partagée entre les agents du Trésor et ceux de l’Éducation Nationale. Ce qui définit l’importance de chacun dans une structure fonctionnelle, ce n’est pas son métier, je crois d’ailleurs qu’avec l’introduction du socle commun des connaissances et des compétences, il va falloir arrêter de parler de métiers mais parler de compétences, parce que ce sont bien les compétences, que vous avez et que vous manifestez tous les jours, qui font que vous êtes capables d’occuper une fonction et c’est bien la fonction qui détermine ce dont la structure a besoin. Je vous invite à réfléchir, non pas en termes de métiers mais en termes de fonctions. Où s’exerce cette fonction ? Dans l’EPLE, mais elle peut s’exercer aussi ailleurs.

Quand on réfléchit fonction, on en arrive à se poser la question de la structure. Avant 1985, lorsque les EPLE ne s’appelaient pas EPLE mais les collèges ; avant la loi Fouché, ils étaient essentiellement communaux ou départementaux. Il n’y a pas si longtemps que l’État a renationalisé une grande partie du système éducatif. La révolution, puisque nous avons une vocation messianique à l’Éducation Nationale, qui nous fait dire que nous portons toutes les valeurs de la République à nous seuls, la révolution a créé les communes et les départements pour casser un régime central trop centralisé qui était l’ancien régime.

La décentralisation, qui ne date pas de 1983, cela court depuis très longtemps et l’on a eu des phases plus ou moins centralisées, la décentralisation arrive, elle est inévitable et pour reprendre un mot de quelqu’un qui travaillait au CNFPT et à qui l’on posait la question, répondait : « La décentralisation n’aura sûrement pas d’acte trois mais on a mis les microprocesseurs donc ça continuera ».

Comment dans ce processus de recomposition du rôle de l’État, on définit l’EPLE ? L’EPLE n’est pas anodin sur un territoire et c’est dans cette optique que nous nous sommes interrogés sur la fonction du gestionnaire qui m’est apparue, quand j’ai parcouru l’hexagone avec les personnels du CNFPT. L’ESEN[2] n’a pas vocation à s’occuper des personnels d’encadrement autres que ceux définis comme tels par les statuts, le métier, donc ce sont les CASU, les chefs d’établissement, les inspecteurs ; un attaché n’est pas partie prenante des séminaires organisés par l’ESEN. Donc, quand nous avons monté notre cycle de séminaire « nouveau partenariat entre les EPLE et les collectivités territoriales », un ensemble de gens était exclu des stages a priori, parce que la question nous a été posée : où sont les gestionnaires dans votre système de formation, et plus nous avancions plus la question se posait et plus le nombre de gestionnaires était important dans nos séminaires mais à la demande des collectivités territoriales.


Cela oblige désormais, dans nos travaux de recherche, à positionner le gestionnaire dans la question de la place et du fonctionnement du triangle État, collectivité territoriale et EPLE ?


[1] Vers un nouveau mode de gestion de l'éducation nationale inspiré des enseignements des théories de l'agence et des parties prenantes

Rôle du conseil et de l’évaluation dans le pilotage stratégique des EPLE (Établissements Publics Locaux d’Enseignement)


[2] École Supérieure de l’Éducation Nationale (aujourd’hui IH2EF) chargée de former les personnels d’encadrement de l’Éducation Nationale.

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