Ce texte est l’introduction à un stage intitulé
« Le maître ‘’G’’ et les apprentissages scolaires » que j’avais
organisé du 22 au 26 janvier 2001 alors que j’étais Inspecteur de l’Éducation
nationale chargée d’une circonscription AIS (adaptation et intégration
scolaire, aujourd’hui on dit ASH).
Cette semaine fait
suite à un stage tenu en mars 2000 dont l’objectif était de poser des éléments
de réflexion sur le rôle des maîtres G ; en janvier 2001 l’objectif
du stage visait à la création d’outils pour la prévention, la prise en
charge et l’orientation des élèves, la relation avec les partenaires. Il était
attendu des stagiaires qu’ils rédigent un document de synthèse susceptible d’être
diffusé dans le département.
Dans la mouvance des remarques, des réflexions et des critiques faites autour des Maîtres G, ceux qui au sein de l’école sont chargés de prises en charges à dominante rééducative en faveur des élèves en grande difficulté scolaire, il m’est apparu indispensable que soit définie la « professionnalité » de ces personnels.
Celle-ci devrait l’être par le
référentiel de compétences conséquent de celui de la formation et de l’examen
pour l’obtention du CAPSAIS. Il semble, à l’expérience, que cela ne suffise
pas. La question représentative de l’obstacle à l’acceptation d’une
professionnalité du maître G par les autres membres de l’institution scolaire,
se constitue autour de la place du maître G par rapport aux autres
professionnels : enseignants, bien sûr, mais aussi « soignants »
(orthophonistes, psychomotriciens, psychothérapeutes…) ; ainsi il n’est
pas rare d’entendre dire des maîtres G qu’ils pratiquent des ‘’sous-thérapies’’
ou une psychanalyse édulcorée. Peut-être devrions‑nous aussi nous interroger
sur le sens du mot « rééducation » qui introduit une ambiguïté sur
les fonctions du maître G : rééduquer c’est refaire l’éducation. Or dans
le cas des enfants qui nous sont présentés, s’agit-il de refaire une éducation
qui aurait été mal conduite ou plus simplement de mettre en place une
éducation ? Je suis de ceux qui pensent que le recours à un néologisme
autour du préfixe ortho eût été plus pertinent. Mais là ne sont pas le débat ni
l’objectif des stages proposés.
Pour nous il s’agit de cerner ce que
sont la place et la fonction du maître G dans l’institution scolaire, en faveur
de quels élèves il agit et dans quels rapports avec d’autres professionnels.
Le stage de mars 2000 nous a permis
de dresser un tableau sommaire de ce que j’entends par professionnalité et que
je rappelle dans le paragraphe suivant, puis de définir à quels enfants
s’adresse le maître G et avec quels « moyens ». Ce second stage doit
nous permettre de mutualiser vos outils et d’élaborer des outils communs,
notamment des outils d’analyse nécessaires à la compréhension de la fonction du
maître G dans l’institution scolaire.
La question essentielle et centrale qui est posée, est celle de savoir ce qu’est un maître G : qu’attend-on de lui ? Donc qu’elle est sa fonction au sein de l’institution scolaire sachant qu’on définit une fonction lorsqu’il existe une relation entre deux ou plusieurs termes. Ainsi, pour Merton il existe des fonctions manifestes et explicites, et des fonctions latentes : parfois masquées ou difficilement reconnues par le corps social : ne serait-ce pas ce qui se passe pour le maître G ?
Ce que nous allons chercher à
observer et à rendre ‘’audible’’ par nos partenaires c’est ce qui se passe le
long des flèches et qui pourrait être imagé par la question : comment
le maître G répond-il aux questions qui lui sont posées ?
Revenons à notre propos initial
pour rappeler qu’une profession est une occupation qui est parvenue peu à peu à
mettre en place les conditions de son institutionnalisation ce que les
définitions de Weber et Parsons permettent d’appréhender. Pour Weber la
professionnalisation est le passage d’un ordre social traditionnel à un ordre
social où le statut de chacun dépend des tâches qu’il accomplit et où
l’allocation des emplois s’effectue selon des critères rationnels de compétence
et de spécialisation ; quant Parsons, il présente 4 critères de
professionnalisation :
-
Prédominance de la technologie et recours à la science
appliquée,
-
Autorité fondée sur la détention d’un secteur
particulier du savoir et de la pratique,
-
Relation avec la clientèle orientée vers
l’universalisme,
- Poursuite du succès, réussite institutionnellement valorisée, acquisition des différents symboles de reconnaissance.
Nous pouvons donc voir que
formation et cadre réglementaire ne suffisent pas à définir et surtout à stabiliser
une profession. Pour qu’une profession s’institue il faut qu’existe une professionnalité que je situe dans l’espace entre les
tâches accomplies et l’emploi défini par des critères rationnels de compétence
et de spécialisation, ce qui est le cadre réglementaire de fonctionnement et de
formation. La professionnalité permettrait de répondre à la question : « comment
est-ce que je réponds aux questions qui me sont posées dans le cadre qui m’est
imposé ? ». Pour cela il faut connaître le cadre, connaître les
questions qui sont posées au professionnel, se démarquer par rapport à d’autres
professionnels.