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lundi 18 mai 2020

Éduquer : querelle de méthodes. (récits d’école, préambule)


Dans une époque où certains nous expliquent que les neurosciences vont organiser et faire réussir toute éducation, où le ministre de l’éducation nationale se présente comme un addicte des neurosciences matinée d’autoritarisme, il est peut-être reposant, sinon intéressant, de se replonger dans la littérature du 19e siècle pour y voir que la querelle des méthodes ne date pas d’aujourd’hui et qu’en tout cas l’éducation n’est pas chose simple et qu’on ne peut pas la réduire, fusse à propos de l’apprentissage de la lecture, au seul fonctionnement du cerveau.

Anatole France et son roman Le Crime de Sylvestre Bonnard nous offre cette distraction et ouvre à la réflexion à propos de l’éducation. Lisons :

« Une éducation qui n’exerce pas les volontés est une éducation qui déprave les âmes. Il faut que l'instituteur enseigne à vouloir.

Je cru voir que maître Mouche m’estimait un pauvre homme. Il reprit avec beaucoup de calme et d'assurance.
-          Songez, monsieur que l'éducation des pauvres doit être faite avec beaucoup de circonspection et en vue de l'état de dépendance qu'ils doivent avoir dans la société.

Le notaire s'appliqua, de nouveau, à justifier le système d'éducation de Mademoiselle Préfère, et me dit, en matière de conclusion :
-          - On n’apprend pas en s’amusant.
-          - On n’apprend qu'en s'amusant, répondit‑je. L'art d'enseigner n'est que l'art d'éveiller la curiosité des jeunes âmes pour la satisfaire ensuite, et la curiosité n'est vive et Scène que dans les esprits heureux. Les connaissances qu'on entonne de force dans les intelligences les bouchent et les étouffent. Pour digérer le savoir il faut l'avoir avalé avec appétit. Je connais Jeanne. Si cette enfant m'était confiée, je ferais d'elle, non pas une savante, car je lui veux du bien, mais une enfant brillante d'intelligence et de vie et en laquelle toutes les belles choses de la nature et de l'art se reflèteraient avec un doux éclat. Je la ferais vivre en sympathie avec les beaux paysages, avec les scènes idéales de la poésie et de l'histoire, avec la musique noblement émue. Je lui me rendrai aimable tout ce que je voudrais lui faire aimer. » 

Et si enseigner n’était qu’une question d’amour et de passion pour les choses et les êtres, et une volonté de partage avec les autres, avec l’Autre ?


Avant Jules Ferry il y avait des écoles

  Ce billet est un complément autant qu’une explicitation de mon précédent billet : « Monsieur le Député : Non ! L’enseignement privé ce n’e...